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Olivier Landel - Etre un facilitateur de projets

« Oser sortir du cadre. »

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Olivier Landel est délégué général de l’Association France urbaine.

Cette association, née de la fusion début 2016 de l’Association des Maires de Grandes Villes de France et de celle des Communautés urbaines de France, regroupe aujourd’hui les élus des métropoles, des grandes communautés et des grandes villes centres ou périphériques. Elle représente et défend les intérêts des territoires urbains.

Olivier Landel qui aime les projets avant tout, n’a pas qu’une seule casquette. Il est aussi Directeur général de l’Agence France Locale, initiative portée initialement par les communautés urbaines, élargie à toutes les associations d’élus et accompagnée de longue date par l’expertise d’Yves Millardet. Nous sommes allés à sa rencontre pour vous faire découvrir son parcours et sa personnalité.

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SON PARCOURS ET SON METIER 

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🔑 Les moments clefs de son parcours ? 

J’ai un parcours très atypique. J’ai eu beaucoup de facilités pendant tout mon lycée : j’ai eu mon bac à 16 ans mais ça ne m’a pas poussé à travailler.  Ainsi, en classe préparatoire de biologie (« Agro »), ça a été plus compliqué car je n’étais pas habitué à travailler et je n’avais pas les méthodes. A la fin de mes années de classes préparatoires, je n’ai pas donc pas eu d’école d’ingénieur agronome. J’ai ensuite, un peu par hasard, passé un concours pour entrer au Trésor public. J’étais en « poste comptable », déjà au service des collectivités locales. J’ai commencé ma carrière aux Mureaux, puis à St Germain en Laye. Mais très vite, je me suis senti plus à l’aise dans l’accompagnement au changement du secteur public, ce qu’on appelle aujourd’hui « conduite du changement ». J’ai ensuite été recruté chez Sinorg (devenu Gfi), éditeur de logiciels financiers afin d’être formateur en gestion financière et comptable. Au sein de cette même entreprise, j’ai créé SDL conseil, l’entité en charge d’accompagner la conduite du changement pour les collectivités clientes.

Quelques années plus tard, j’ai créé une filiale d’un cabinet de conseil spécialisée dans l’accompagnement au changement avec l’arrivée de la M14. Dans mes années de cabinet de conseil, j’ai notamment contribué à la construction des nouvelles communautés urbaines. C’est le cas de celle de Nantes où Jean-Marc Ayrault m’a fait confiance. C’est lui également qui m’a proposé de prendre le poste de délégué général de l’Association des Communautés urbaines de France au moment où sa présidence était confiée à Jean-Claude Gaudin. C’était un vrai défi car il fallait créer l’association de toutes pièces !

☝️ Ce qui l’a poussé à rejoindre le secteur public ? 

Je suis vraiment arrivé dans le secteur public par hasard. Un midi, au restaurant universitaire, je suis tombé nez à nez avec une affiche « Préparez les concours administratifs du Trésor Public ». Je me suis alors décidé à passer les écrits. Ils se déroulaient la première semaine de mon service militaire ! C’est le seul concours administratif que j’ai passé !

💼 Sa conception de son métier ?

Aujourd’hui, en tant que Délégué général de France urbaine, je suis avant tout facilitateur de projets. Je fais en sorte que les projets se fassent et se développent, même si je suis toujours autant attiré par le rôle de « faiseur ».

🔎 Les qualités indispensables pour son métier ?

Je dirai qu’il faut surtout de l’écoute et de l’humilité pour mon métier.  A France urbaine, nous voulons rester dépendants de l’expertise de nos propres membres. C’est eux que nous écoutons et nous recherchons le consensus. Nous sommes aussi des “traducteurs” et des “passeurs”.

🔮Les enjeux à venir pour France urbaine ? 

Nous avons trois enjeux majeurs que je peux résumer en trois mots : autonomie, responsabilité et dialogue. Autonomie pour que nous allions vers une autonomie financière plus forte et un pouvoir de décision plus grand. Responsabilité puisque c’est le corollaire de l’autonomie. Et dialogue car nous souhaitons créer une véritable « alliance des territoires » afin de travailler ensemble de manière horizontale.

📢 Le meilleur conseil qu’on lui ait donné dans sa carrière ?

On ne me l’a pas forcément donné mais c’est quelque chose que j’ai appris durant ma carrière : la seule certitude du succès, c’est le travail ! Même si les choses peuvent paraître faciles, rien n’arrive sans travail.

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“La seule certitude du succès, c’est le travail !”

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💡L’innovation qu’il a impulsée ? 

C’est la création d’une agence publique de financement pour les collectivités locales qui leur facilite l’accès au financement ! Cette agence finance leur investissement en leur permettant d’emprunter de façon simple et performante.

Cette idée est venue car nous étions confrontés à un problème : l’Etat arrêtait de financer les constructions de tramways pour les collectivités. Il nous fallait trouver un autre moyen pour les communautés urbaines de financer leurs constructions. De là est née l’idée de faire un emprunt groupé. Quelques années plus tard est née la structure juridique : l’Agence France Locale.

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SA PERSONNALITE

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👉 Ses valeurs ?

Je crois particulièrement en la bienveillance et en la force de l’équipe. J’aime faire en sorte que les gens se mettent d’accord. Les deux sports que j’ai pratiqués correspondent bien à ces valeurs. Le judo tout d’abord, car au judo on utilise la force du partenaire. Et le rugby ensuite, car au rugby, les partenaires sont essentiels pour marquer un essai. On n’arrive jamais à faire quoi que ce soit seul.

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“Je crois particulièrement en la bienveillance et en la force de l’équipe.”

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👀 Comment il se définit ? 

Je suis quelqu’un de fondamentalement optimiste. On peut me considérer « naïf » mais je vois toujours le verre à moitié plein. C’est peut-être mon côté breton mais je suis très déterminé, presque « têtu ». Quand je commence un projet, je vais au bout. Ces deux traits de ma personnalité font de moi un « développeur » et un « facilitateur de projets ».

📖 La phrase qui l’inspire le plus ?

« Du projet partagé au contrat qui engage ». C’est une phrase que je répète souvent car elle fonctionne dans plein de situations différentes. Cette phrase est intéressante car un projet n’est rien s’il n’est pas partagé avec d’autres personnes. Une fois le projet partagé, il faut passer à sa mise en œuvre et passer du « projet » au « contrat ».

➡️ Ce qu’il aurait fait, s’il n’avait pas travaillé dans le secteur public ?

J’ai toujours rêvé d’être océanographe. Je suis né à St-Malo, près de la mer et ça m’a toujours fasciné. C’est pour cela que j’avais commencé des études de biologie car avant de devenir océanographe, il faut avoir un diplôme d’ingénieur agronome. Le hasard de la vie a fait que j’ai rejoint le secteur public. Mais finalement, j’y suis resté car j’y trouve les projets passionnants.

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“Le hasard de la vie a fait que j’ai rejoint le secteur public. Mais finalement, j’y suis resté car j’y trouve les projets passionnants.”

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🍰 Sa recette pour créer une dynamique d’innovation ? 

Ce qui est important c’est de dépasser le partage de bonnes pratiques pour oser sortir du cadre. Souvent une innovation vient d’un problème. Il faut regarder le problème autrement et voir également s’il y a besoin de lever des freins. Parfois, une évolution règlementaire ou législative permet de dépasser ces freins.

 

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Photo : © Jean-François Badias