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Thomas Urvoy

«L’innovation publique, c’est sortir de la logique du parapheur.»

Thomas Urvoy est directeur général des services adjoint en charge du pôle Ressources, Conseil et Innovation publique au sein de la commune de Villenave d’Ornon. Nous sommes allés à sa rencontre pour vous faire découvrir son parcours et sa vision du secteur public.

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SON PARCOURS AU COEUR DU SECTEUR PUBLIC

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🔑  Les moments clefs de votre parcours ?

J’ai débuté ma carrière dans le secteur privé, au sein d’un cabinet de conseil parisien spécialisé dans l’évaluation des politiques publiques. Cette expérience a été clef car, au gré des échanges avec les élus locaux, elle a confirmé mon appétence pour la chose publique  et pour l’action de terrain. Après avoir passé le concours d’attaché, j’ai rejoint le conseil départemental du Calvados en tant que juriste spécialisé dans les concessions de service public et en tant que directeur du Syndicat Mixte d’aménagement du Port de Honfleur. Cette première expérience en collectivité, m’a rapproché de l’action publique locale et m’a permis de découvrir la relation avec les élus, les agents administratifs et les habitants. J’ai ensuite été chargé de mission auprès du directeur général des services à Drancy en Seine-Saint-Denis avant de me rapprocher de ma région d’origine au Bouscat dans la métropole bordelaise en tant que directeur général adjoint, à la fois chargé du pôle ressources et de l’innovation sociale. 

Initialement dans le conseil et la stratégie, j’ai souhaité me rapprocher, au fur et à mesure des années, des sujets techniques, au plus près des territoires. 

🔎  Le cœur de vos missions actuelles ?

Depuis un peu moins d’un an, je suis directeur général des services adjoint chargé des ressources et de l’innovation publique au sein de la ville de Villenave d’Ornon. Les services “ressources” sont tous ceux que l’on ne voit pas : les finances, le juridique, la commande publique, les RH, le contrôle de gestion ou encore les systèmes d’information. Au cœur de ses services, trois valeurs : sécurisation, fiabilité et sérénité. 

Le rapport aux usagers, c’est ce qui donne du sens à nos missions.

Je suis également chargé des services au public : l’état civil et la citoyenneté. C’est extrêmement important d’avoir un rapport direct aux usagers, c’est ce qui donne du sens à nos missions.

👉 Pourquoi le service public ?

Malgré des études de droit et un passage à Sciences Po, le service public, ce n’était pas si naturel que ça pour moi. D’ailleurs, mon parcours ne sera pas forcément inscrit jusqu’à sa fin dans le service public. Dans le secteur privé, j’ai beaucoup apprécié l’indépendance, l’autonomie et le goût du challenge. Mais finalement, c’était assez frustrant d’être aux côtés des décideurs sans pouvoir inscrire mon action dans la durée et sur le terrain. Finalement, c’est en travaillant dans le privé que j’ai pris goût au service public !

⚡️ Ce qui vous motive le plus dans votre job ?

Dans le service public, il y a de nombreux métiers qui, à priori, n’ont rien à voir les uns aux autres. C’est le fait de collaborer et de partager nos compétences qui donne du sens à notre métier. 

C’est le fait de collaborer et de partager nos compétences qui donne du sens à notre métier. 

Ce que j’aime le plus, c’est organiser le travail en équipe. Chaque jour, je m’interroge sur comment faire en sorte que l’on progresse ensemble. C’est passionnant de voir comment nous pouvons nous former mutuellement, comment un expert en informatique peut, par exemple, mettre un pied dans les finances pour améliorer nos méthodes de travail. Au sein des collectivités nous avons beaucoup d’expertises et des agents qui sont très bons pour les partager. Mon ambition c’est de travailler à la co-formation.

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SA VISION DU SERVICE PUBLIC

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🚀 Un projet dont vous êtes fier  ?

Sur les questions de formation et de tutorat, nous organisons bientôt le premier séminaire des cadres de la collectivité où nous allons évoquer le sujet de l’organisation apprenante. Chaque mois, nous consacrons du temps pour mobiliser des expériences transversales et porter des regards complémentaires sur les projets en cours. C’est également l’occasion de former nos collaborateurs à de nouveaux outils et méthodes de travail. 

Au niveau des ressources humaines, nous souhaitons faire en sorte que nos services soient au plus proches des agents de la collectivité. Notre institution a  la particularité d’être multi-sites, ce n’est pas forcément évident pour un agent de se déplacer à l’hôtel de ville pour aller au service des ressources humaines. C’est pourquoi, nous souhaitons réaliser des permanences pour offrir un service de proximité aux agents.

🎯 Les grands enjeux de transformation publique ?

Pour moi, les grands enjeux sont le numérique et la transformation des organisations publiques. Il s’agit de sortir de la logique du parapheur qui est la représentation d’un certain pouvoir administratif. 

L’autonomie confiée aux agents est au cœur de la transformation de nos organisations.

Cela peut-être valorisant d’être celui qui a la pile de parapheurs à signer sur son bureau, mais doit-on tout vérifier de cette manière-là ? Est-ce que ce n’est pas contradictoire avec l’évolution actuelle du monde du travail ? Est-ce que cela n’est pas antinomique avec les nouvelles formes de management qui tendent vers plus de confiance et de responsabilisation ? Derrière le symbole du parapheur, c’est l’autonomie et la responsabilité confiée aux agents qui est au cœur de la transformation de nos organisations. Les grands défis de la transformation publique, c’est à la fois la modernisation, le numérique, la dématérialisation raisonnée, la responsabilisation des cadres, le mieux faire ensemble et le partage de l’information.

☁️ Une innovation publique dont vous rêvez ?

Les idées d’innovations publiques ne manquent pas ! C’est la manière dont on les conduit qui fait la différence. Si je devais choisir une innovation, ce serait la création d’une école de partage des compétences. Dans le service public, nous avons plus de 250 métiers différents, c’est une véritable mine d’or ! C’est dans l’intérêt de la collectivité de créer des ponts entre ces différentes expertises. Le tutorat est une bonne manière d’appréhender le travail en transversalité, de favoriser le partage d’information et de renforcer la cohésion d’équipe. Ce qui n’est pas assez développé, selon moi, dans le service public, c’est la notion de “Task-force” c’est-à-dire les groupes pilotes, multi-métiers, qui se font et se défont en fonction des projets.

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SES CONSEILS 

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💚 Votre meilleur conseil pro ?

Je suis convaincu que dans notre quotidien, l’écoute active des autres nous permet de débloquer un grand nombre de problématiques. Lorsque l’on déjeune avec un collègue et qu’il nous parle de son métier, on ne s’en rend pas vraiment compte sur le moment mais cela peut nous aider, plus tard, à débloquer des situations personnelles. Toutes les discussions, même les plus anodines, sont sources de réflexion et peuvent à un moment ou à un autre, nous être d’une grande utilité.