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Bruno Louis Seguin - Favoriser l’accès au numérique

« Le numérique doit être accessible à tous et favoriser le vivre ensemble. »

Bruno Louis Seguin est chargé de mission au sein de la délégation de la transformation numérique de la Région Bourgogne-Franche-Comté. Nous sommes allés à sa rencontre pour vous faire découvrir son parcours, sa vision du secteur public et de la médiation numérique.

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SON PARCOURS ET SA VISION DU SECTEUR PUBLIC 

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🔑 Les moments clefs de votre parcours ?

Mon parcours se situe davantage autour de l’intérêt général que du secteur public à proprement parler. Je travaillais principalement en tant que freelance dans l’information et l’accompagnement de projet. A ce titre, j’ai navigué dans plusieurs secteurs, principalement ceux de la culture et du numérique. J’ai travaillé dans le milieu des musiques actuelles, en coordination avec les associations et le ministère de la Culture. C’est ainsi que je suis devenu formateur auprès des élus et des professionnels du secteur public avec l’accompagnement numérique en fil conducteur. Fin 2015, j’ai eu l’opportunité de travailler avec le conseil régional Bourgogne Franche Comté pour accélérer le sujet de la transformation numérique. Depuis, j’y suis investi sur les sujets de médiation et d’inclusion numérique. Je suis convaincu que l’on ne transforme pas un territoire si ses habitants ne sont pas à l’aise avec le numérique.

Je suis convaincu que l’on ne transforme pas un territoire si ses habitants ne sont pas à l’aise avec le numérique.

L’accès au numérique est le cœur du travail engagé avec la mission régionale pour la médiation numérique dont je suis aujourd’hui le chef de projet. Je suis également chargé de mission au sein de la délégation de la transformation numérique de la Région Bourgogne-Franche-Comté pour piloter les politiques publiques autour de ces thèmes. 40% des gens ne sont pas à l’aise avec le numérique : notre chantier est immense et il devrait encore nous occuper quelques années. 

👌 Ce qui vous motive le plus dans vos missions ?

Rendre les gens autonomes. Ce qui m’intéresse c’est l’intérêt général et la construction des communs (des projets ou des ressources qui peuvent être gérés collectivement). Encore trop de personnes ne parviennent pas à se connecter car les infrastructures manquent dans certains territoires. Mais le sujet de la connectivité avance et finira par disparaître. Les véritables enjeux de la transformation numérique se situent davantage du côté des usages : faire des outils digitaux et positifs qui encouragent le vivre ensemble et qui permettent à chacun de se développer et de mieux travailler. 

🚀 Ce qui vous a poussé à rejoindre le service public ?

Des lieux où l’on travaille pour l’intérêt général, il n’y en a pas tant. Il y a les associations et je me suis posé la question de m’y engager. Mais c’est principalement la sphère publique qui coordonne et qui finance l’intérêt général. C’est pour cela que j’ai souhaité m’y engager : pour être au cœur de l’organisation et de la structuration. De plus, une collectivité territoriale de la taille d’une Région est intéressante car il y a des moyens et des compétences autour du développement économique et de l’aménagement du territoire qui permettent de travailler en partenariat. 

📱 Un projet dont vous êtes fier ? 

Je suis fier que le sujet de transformation numérique soit au dessus de la pile dans la stratégie de la Région Bourgogne-Franche-Comté. Ce n’est pas le cas dans toutes les collectivités de cette taille-là. La médiation numérique est l’une de nos priorités et on se donne les moyens d’en accompagner les usages. 

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LA TRANSFORMATION NUMERIQUE AU SEIN DU SECTEUR PUBLIC

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💻 Les grands enjeux de la transformation numérique? 

Le contexte actuel montre que la continuité des services vitaux de notre pays passe en grande partie par le numérique. Sans accompagnement des usagers, l’accès aux services publics pour tous est compromis. De plus, les services numériques ne sont pas homogènes et certains sont plus simples à utiliser que d’autres. C’est pour cela que le principal enjeu est d’accompagner les usagers dans l’accès aux droits et aux démarches administratives en ligne. Aucun citoyen ne doit rester en marge. La dématérialisation de l’accès aux services publics ne doit pas engendrer de rupture d’égalité entre les usagers. 

La dématérialisation de l’accès aux services publics ne doit pas engendrer de rupture d’égalité entre les usagers.

Il s’agit également d’accompagner les citoyens dans l’acquisition d’une culture numérique : d’une part pour leur permettre de s’inscrire dans les évolutions actuelles du monde du travail (avec le déploiement massif du télétravail), d’autre part pour encourager un usage éclairé du numérique en rendant les usager sensibles à l’impact écologique du numérique entre autre. 

🔍 Comment étendre cette culture numérique ? 

A la Région, nous développons un réseau d’espaces de médiation numérique. Nous travaillons également sur un projet de labellisation. Les labels permettent aux usagers de s’assurer qu’ils se trouvent dans un espace de qualité avec un personnel compétent et disponible, et ce, quelque  soit leur niveau et leur besoin. Ces indicateurs permettent de trouver plus facilement les bons interlocuteurs et de garantir à celui qui pousse la porte, qu’il sera correctement accueilli et accompagné.

🔍 Les compétences de demain ? 

La capacité à collaborer à distance : se former aux bons outils mais surtout adopter la bonne organisation. Dans mon parcours, j’ai été responsable des systèmes d’informations. Quand on est dans une Direction des Systèmes d’Information (DSI), on collabore avec de nombreux prestataires, dont certains que l’on ne voit jamais physiquement. Pour autant, on peut bâtir des relations de confiance. Ces compétences liées à la gestion de projets seront de plus en plus fondamentales dans le monde de demain. 

⚡️ L’innovation dont vous rêvez ?

Je rêve que l’on puisse se débarrasser des 90% de nos e-mails inutiles avec un outil permettant de réguler les sollicitations. Il s’agirait, par exemple, d’assurer que lorsqu’on se désabonne d’une newsletter, ce soit effectif. Je rêve aussi de la disparition du spam pour que l’e-mail redevienne un outil de travail et de communication. Je rêve enfin qu’il y ait une prise de conscience de nos paroles sur internet et que l’on développe des outils permettant de prendre de la hauteur, d’échanger autour d’idées et de réguler les discours malveillants. Cela rejoint les notions de culture numérique et la nécessité d’accompagner l’éducation aux réseaux sociaux et plus largement aux bons usages du numérique. 

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CE QUI L’ANIME

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💚 Une cause qui vous tient à cœur ?

Je suis très impliqué dans le développement d’espaces qui facilitent le vivre ensemble dans l’espace public : les tiers-lieux. Je fais partie du conseil national des tiers-lieux et de France Tiers-lieux. Ce qui me tient à coeur, c’est de créer des espaces intermédiaires (urbains ou ruraux) qui font émerger des projets collectifs, qui permettent de rapprocher les citoyens indépendamment de leurs conditions sociales et de leurs parcours et qui font avancer le vivre ensemble. 

🚀  Le meilleur conseil qu’on vous ait donné ? 

D’apprendre à apprendre. On apprend tous les jours, on ne connaît pas tout et tant mieux.

👀  La phrase qui vous inspire le plus ?

Une phrase de Mark Twain, “ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait”