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Jade Vergnes - Ressentir un fort besoin d’engagement

« La crise a révélé l’importance du service public et de la souveraineté numérique. »

Jade Vergnes est étudiante en master à Sciences Po Paris. Nous sommes allés à sa rencontre pour vous faire découvrir son parcours, ses motivations et son engagement pendant le confinement.

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SON PARCOURS ET SON ENGAGEMENT PENDANT LA CRISE 

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🔑  Ton parcours, ta formation et tes engagements ?

Mon parcours littéraire (spécialité en arts plastiques) me destinait à faire une école d’art mais j’ai finalement rejoint Sciences Po en double diplôme avec la Sorbonne où j’ai étudié la philosophie. Après un an d’échange universitaire à Bogota, j’ai réintégré Sciences Po et j’ai commencé le master “Médias, Communication et Industries Créatives”. Mes engagements sont surtout sportifs à l’AS Sciences Po  et au sein de l’association Passe au large dont l’objectif est de développer le rugby féminin en Amérique latine et en Colombie. Je passe beaucoup de temps à me battre pour qu’on laisse plus de place aux femmes dans le sport.

Depuis 2 ans, je participe à l’élaboration d’un reportage sur 20 femmes colombiennes, aux profils très différents (ex-sénatrices, sculptrices, chercheuses, graffeuses etc), mais toutes engagées pour changer leur pays. Ce travail prend la forme d’un livre mis en page avec l’aide d’une illustratrice colombienne. Nous allons bientôt le publier.

Passionnée de photographie, je me suis également engagée à Sciences Po pour photographier les événements de l’école. Et enfin, je contribue à la Chaire Good in Tech. 

Je passe beaucoup de temps à me battre pour qu’on laisse plus de place aux femmes dans le sport.

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🔎  La Chaire Good in Tech en quelques mots  ?

C’est une Chaire de recherche liée à Sciences Po et basée sur les innovations technologiques en général. C’est Christine Balagué qui enseignait le cours “éthique du numérique” que j’appréciais, qui m’a invitée à contribuer à ce projet de recherche pendant le confinement. J’ai travaillé sur les applications de traçage mises en place pendant la pandémie.

 👉  Tes missions pendant la crise ?

J’ai écrit un rapport qui résume la controverse autour des applications de traçage. C’était intéressant car il y avait chaque jour de nouvelles infos sur l’application StopCovid. On a commencé par faire un état des lieux des applications et des technologies utilisées dans le monde (différence entre l’utilisation du bluetooth ou de la géolocalisation par exemple). Je me suis davantage portée sur la partie éthique du sujet parce que j’apprécie les questions de technologie et de souveraineté numérique du point de vue philosophique. J’ai creusé le sujet du côté des libertés individuelles : faut-il stopper la technologie quand elle va trop loin ? Quels sont les bénéfices et les risques de ces applications ? 

🤔 Ce qui t’a rendue la plus fière ?

J’aime lier les aspects techniques et philosophiques pour interroger les priorités en terme de liberté et de sécurité. J’ai apprécié me replonger dans des grandes notions de philosophie au regard d’un cas concret et très actuel tel que le confinement. En effet, il a accéléré de manière inédite la diffusion de technologies comme les applications de traçage ou les drones. L’urgence de la situation a permis un déploiement ultra-rapide mais qu’il est intéressant de questionner d’un point de vue éthique.

🚀 C’était important pour toi de t’engager ?

Oui pendant la crise, j’ai ressenti un fort besoin d’engagement. Evidemment, n’ayant aucune compétence médicale, nous avons pour beaucoup ressenti également un sentiment d’inutilité. C’est difficile de rester chez soi mais je suis persuadée qu’il y a une utilité à se poser et à réfléchir. J’ai passé beaucoup de temps à lire la presse, des articles de philosophie notamment, afin d’être consciente de ce qui était en train de se passer parce que c’était totalement inédit. 

C’est difficile de rester chez soi mais je suis persuadée qu’il y a une utilité à se poser et à réfléchir.

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CE QUI L’ANIME

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⚡️ Ta vision du secteur public ?

La pandémie a révélé l’importance du service public, notamment hospitalier. Mais sur l’aspect technologique, sur lequel j’ai travaillé, on en revient à la question de la souveraineté numérique. Il y a ce risque majeur que l’on puisse transmettre nos données à des entreprises étrangères. A mon sens, notre service public n’est pas assez développé sur les questions technologiques et de sécurisation des données alors que c’est un enjeu majeur. Il faudrait aussi des moyens européens pour arriver à concurrencer certaines entreprises à l’échelle internationale et pouvoir davantage protéger les informations personnelles des citoyens. 

👉 Les causes qui te tiennent à cœur ?

Le sport féminin, l’écologie et la justice sociale. Je souhaite que les états, les services publics et surtout les citoyens, reprennent leur pouvoir de décision afin de bâtir une société davantage équitable et durable.

Je souhaite que les états et les services publics reprennent leur pouvoir de décision afin de bâtir une société davantage équitable et durable.

💫 La phrase qui t’inspire ?

Tout faire avec le sérieux d’un enfant qui joue. Quand un enfant joue, il est d’un sérieux implacable, il donne tout. C’est un sérieux à la fois enfantin et très investi et engagé, qui y croit jusqu’au bout, un peu comme dans le sport finalement.

☁️ Un rêve professionnel  ?

Me sentir utile et avoir cette l’impression d’apporter quelque chose. Un autre rêve est celui de pouvoir changer de métiers plusieurs fois : un jour photographe, un autre faire de la politique, ou même devenir productrice… j’aime diversifier les formats et les milieux. .

Me sentir utile et avoir cette l’impression d’apporter quelque chose.